La vente à découvert
La vente à découvert consiste à emprunter un titre qui, selon vous, va perdre de la valeur, de le vendre immédiatement, d’attendre que le prix baisse, puis de le racheter à un prix inférieur. La différence entre le prix auquel vous vendez le titre et le prix auquel vous le rachetez, moins les coûts associés, constitue votre profit ou votre perte. La vente à découvert est une stratégie de négociation à la fois complexe et extrêmement risquée. Par conséquent, elle devrait être réservée aux personnes qui comprennent parfaitement les risques associés.
Qu’est-ce que la vente à découvert?
La vente à découvert est une stratégie de négociation avancée. Elle va à l’encontre du placement « traditionnel », c’est-à-dire acheter des titres à bas prix et espérer qu’ils prennent de la valeur afin de les vendre à prix élevé. La vente à découvert, elle, consiste à profiter de la baisse anticipée du cours d’un titre – généralement une action et, dans certains cas, un FNB ou une obligation.
Pour faire la vente à découvert, vous devez disposer d’un compte sur marge et, surtout, vous devez effectuer de nombreuses recherches avant de négocier. Les adeptes de la vente à découvert recherchent généralement des sociétés qu’ils jugent surévaluées. Lorsqu’ils trouvent un titre qu’ils souhaitent vendre à découvert, ils l’empruntent, puis le revendent immédiatement sur le marché. Dans le cadre de leurs recherches, ils s’intéressent à des sociétés dont le produit phare n’a pas connu le succès escompté auprès du public, dont l’action est moins performante que celle d’autres sociétés du même secteur ou qui évoluent dans un secteur susceptible de connaître des difficultés. Il existe une foule de variables et de facteurs à considérer, d’où l’importance de réaliser une étude de marché approfondie au préalable.
Lorsque vous détenez une position à découvert, vous devez la dénouer en rachetant le titre sur le marché et en restituant à la partie prêteuse. Dans le meilleur des cas, vous allez racheter les actions à un prix inférieur et empocher la différence, moins les frais associés. Si le prix du titre augmente au lieu de baisser, vous n’aurez d’autre choix que de racheter le titre à un prix plus élevé et d’essuyer une perte. En théorie, cette perte peut être infinie, puisque le cours de l’action peut lui aussi augmenter à l’infini. Quelle que soit l’ampleur de cette perte, vous avez l’obligation de restituer le titre à la partie prêteuse.
Exemple de vente à découvert
Supposons que vous vous intéressez à la société ABC depuis des mois et que vous croyez que le cours de l’action va bientôt baisser. Vous empruntez 1 000 actions au prix de 50 $ chacune. Puis, vous vendez les actions au prix de 50 000 $. Voici ce qui se passe lorsque vous dénouez la position et que vous retournez les actions à la partie prêteuse. Si :
Le cours de l’action diminue – Si le cours de l’action de la société ABC recule de 20 % pour atteindre 40 $ par action, vous achetez 1 000 actions pour un coût total de 40 000 $. La différence (10 000 $) entre le prix de vente initial des actions (50 000 $) et leur prix de rachat (40 000 $), moins les coûts associés, représente votre profit.
Le cours de l’action augmente – Si le cours de l’action de la société ABC passe à 75 $, vous rachetez 1 000 actions pour un coût total de 75 000 $. La différence entre le prix de vente initial des actions (50 000 $) et leur prix de rachat (75 000 $) se traduit par une perte de 25 000 $, plus les frais connexes.
Pourquoi faut-il détenir un compte sur marge pour vendre à découvert?
Pour vendre à découvert, vous devez emprunter des titres, ce qui nécessite un compte sur marge. Ainsi, les actifs qui se trouvent dans votre compte servent à garantir le montant que vous empruntez.
Lorsque vous détenez une position à découvert, vous devez disposer de fonds suffisants dans votre compte pour répondre à l’exigence de marge minimale. L’Organisme canadien de réglementation des investissements (OCRI), qui régit les activités des courtiers en placement au Canada, est responsable de fixer les exigences minimales de marge pour les titres. Les courtiers sont autorisés à fixer leurs propres exigences de marge, à condition qu’elles soient plus élevées que les montants minimums fixés par l’OCRI.
Par exemple, si vous décidez de vendre à découvert 100 actions de la société ABC, dont le cours actuel est de 10 $ chacune, et que l’exigence de marge minimale est de 30 %, vous devez disposer d’au moins 300 $ sur son compte de marge. Cette exigence de 300 $ s’ajoute au produit de 1 000 $ de la vente à découvert pour faire une garantie totale de 1 300 $ dans votre compte.
Si le prix du titre augmente, vous pourriez faire l’objet d’un appel de marge. En d’autres termes, votre maison de courtage peut exiger que vous approvisionniez votre compte sur marge pour répondre à l’exigence de marge minimum. Si vous recevez un appel de marge, vous devez approvisionner son compte en dénouant la position ou en transférant des liquidités ou des titres sur votre compte de marge.
Avantages, inconvénients et risques liés à la vente à découvert
La vente à découvert peut être lucrative si vous êtes en mesure de prédire le rendement des titres. En revanche, elle présente des risques et des inconvénients importants.
Commençons par les avantages :
Potentiel de profit – Si le cours d’un titre diminue fortement, la vente à découvert peut générer des profits importants.
Couverture – Les personnes averties ont l’habitude d’utiliser la vente à découvert pour couvrir les pertes potentielles liées à d’autres placements. Par exemple, elles jumellent la vente à découvert à diverses stratégies sur options de manière à réduire le risque et l’exposition de leur portefeuille en général.
Diversification – Vous pouvez réduire le risque en diversifiant votre portefeuille, ce qui consiste à multiplier vos stratégies et à répartir vos placements parmi une foule de classes d’actifs, de secteurs, de régions et autres. La vente à découvert fait partie des nombreuses stratégies de diversification de portefeuille.
Voici maintenant quelques risques et inconvénients :
Pertes potentielles infinies – Les profits potentiels de la vente à découvert sont limités au prix auquel vous empruntez le titre, puisque ce prix ne peut pas tomber en dessous de 0 $. Par exemple, si vous empruntez le titre à 50 $ et que le prix tombe à 0 $, votre profit maximal est de 50 $ par action. En revanche, comme le cours d’un titre peut théoriquement augmenter à l’infini, vos pertes potentielles sont elles aussi infinies. Plus le cours est élevé, plus son rachat vous coûtera cher et plus vous essuierez des pertes importantes.
Appels de marge – Comme nous l’avons expliqué ci-dessus, si votre compte sur marge ne répond plus aux exigences minimales de marge, vous ferez l’objet d’un appel de marge et devrez injecter des fonds, faute de quoi vous devrez possiblement dénouer votre position à découvert plus tôt que prévu.
Liquidation forcée d’une position à découvert – C’est ce qui se produit lorsque le cours d’un titre visé par de nombreuses ventes à découvert augmente au point où vous et les autres personnes vendeuses n’avez d’autre choix que de le racheter à un prix plus élevé. Cette demande accrue fait grimper encore plus le cours du titre et vous expose à des pertes importantes.
Coûts – La vente à découvert comporte différents coûts, dont les suivants :
Coût d’emprunt – Lorsque vous vendez un titre à découvert, vous empruntez des actions. Pour ce faire, vous devez généralement payer une commission, dont le montant varie selon la demande et la disponibilité du titre.
Dividendes – Si la société du titre visé par des ventes à découvert verse des dividendes, vous devez les verser à votre tour à la partie prêteuse.
Commissions – Certaines maisons de courtage exigent des commissions lorsque vous achetez et vendez des titres.
Comme vous pouvez le constater, la vente à découvert présente des inconvénients de taille qui exigent une certaine préparation, et compte tenu des risques élevés qu’elle comporte, elle est généralement réservée aux personnes averties.