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Comment (enfin) dépenser son argent à la retraite

Mis à jour 21 octobre 2024
Dame se reposant sur la plage au-dessus d'un tas d'or

Après toute une vie passée à garnir le bas de laine, il peut être difficile de changer de vitesse et de commencer à piger gaiement dans l’argent qu’on a considéré comme intouchable pendant des décennies. Oui, il vaut toujours mieux se garder une petite gêne et ne pas dépenser sans compter. Mais non, vous n’avez pas non plus à adopter le code de vie d’un monastère tibétain. L’idée, c’est d’apprendre comment jouir de ce nouveau chapitre. Voici donc quelques astuces pour profiter (judicieusement!) de vos épargnes durement accumulées.

Combien devrais-je me donner?

Pour éviter d’épuiser ses épargnes trop rapidement, il faut se faire un plan — idéalement un plan assez conservateur qui tient compte de la possibilité que vous atteigniez le vénérable statut de nonagénaire. La règle du 4 % est un bon point de départ : vous vous réservez un « salaire » annuel équivalent à 4 % de votre épargne-retraite complète. Dans la plupart des cas, cela vous permettra d’avoir des fonds jusqu’à votre tout dernier gâteau de fête. Ajoutez vos prestations du Régime de pensions du Canada (RPC) et de la Sécurité de vieillesse (SV) au montant, et voilà, vous avez maintenant votre nouveau revenu annuel de retraite à partir duquel vous bâtir un budget réfléchi.

Bon, êtes-vous d’attaque pour un peu de math? (Non? Vaut mieux sauter les trois prochains paragraphes.) Voici comment la règle du 4 % fonctionne : si vous avez un portefeuille de 1 M$, vous retirez 4 %, soit 40 000 $, lors de votre première année de retraite. Votre solde s’élève donc désormais à 960 000 $, mais puisque votre argent reste placé, il continue de fructifier. En touchant un rendement conservateur de 4 %, votre portefeuille reviendrait presque à 1 M$ (998 400 $ exactement) d’ici la fin de l’année. 

L’année suivante, pour tenir compte de l’inflation et garder votre pouvoir d’achat au niveau du 40 000 $ initial, vous devrez retirer 40 800 $ (2 % de plus que l’an dernier). L’année suivante, ce serait 41 616 $, et ainsi de suite. En respectant cette stratégie, votre compte arrivera à zéro seulement 34 ans plus tard, lorsque vous soufflerez 99 bougies.

Si par malheur vous passez l’arme à gauche avant, vous pourrez tout simplement laisser un petit quelque chose à vos proches. Pour leur léguer plus d’argent, sachez que même une petite diminution de vos dépenses aura une grande influence : chaque tranche de 1 000 $ économisée sur votre revenu initial de 40 000 $ représentera un autre 100 000 $ de plus pour vos proches quand vous partirez. (On se souvient qu’il s’agirait ici de l’âge vénérable de 99 ans. Si vous rendez votre dernier souffle avant, le montant sera encore plus élevé.)

Dans quel compte devrais-je piger en premier?

On ne pourra jamais contourner les impôts, pas même à la retraite. Mais vous pouvez toutefois influencer votre niveau d’imposition.

Par exemple, plusieurs personnes attendent trop longtemps avant de retirer des fonds de leur REER. À 72 ans, le gouvernement force les gens à convertir leur REER en fonds enregistré de revenu de retraite (FERR), ce qui se traduit par des retraits minimums annuels qui gonflent à mesure que vous vieillissez, ce qui se traduit souvent en factures d’imposition salées.

Pour plusieurs, il serait donc avantageux de retirer plus tôt des fonds du REER — idéalement juste assez pour que, lorsqu’additionné aux prestations du RPC et de la SV, votre revenu se situe à la limite de la première tranche d’imposition. Comme ça, il en restera moins dans le REER quand Ottawa vous demandera gentiment, mais fermement, de convertir le tout en FERR. Une astuce clé pour limiter votre revenu imposable et faire baisser vos impôts.

Tout le reste de l’argent dont vous aurez besoin pourra être retiré de vos comptes non enregistrés suivis de vos CELI, des fonds déjà imposés. Il faut toutefois garder en tête que les CELI sont des comptes parfaits pour l’argent que vous aimeriez céder à vos proches (on se penche là-dessus un peu plus loin). Et oui, ça peut devenir compliqué à évaluer, dépendamment de vos objectifs de retraite et du montant que vous aimeriez léguer. On vous suggère d’en discuter avec un·e spécialiste en planification financière.

C’est quoi, cette histoire de conversion de REER en FERR?

Et oui, le gouvernement s’assure que vous commenciez à dépenser l’argent cumulé en partie grâce à ses allégements fiscaux. Combien devrez-vous retirer? Pour revenir à notre exemple de portefeuille de 1 M$, il faudrait faire un retrait équivalent à 5,4 % du solde total l’année de vos 72 ans. Si vous avez la chance de vous rendre jusqu’à 90 ans, c’est près de 12 % que vous devrez retirer. À 95 ans, vous passeriez à 20 %. 

Il faut noter que les FERR assurent plusieurs années de croissance non imposable de plus. Un avantage de taille comparativement à l’autre option possible, soit les comptes non enregistrés. Les différentes options peuvent par contre apporter leur lot de pépins, donc ici aussi, c’est une bonne idée d’en discuter avec un·e spécialiste.

Qu’est-ce que le fractionnement du revenu? Est-ce bon pour moi?

Comme le nom l’indique, le fractionnement du revenu est une stratégie qui vise à répartir le revenu entre deux personnes afin d’alléger leur fardeau fiscal conjoint. On mise souvent sur le fractionnement dans le cadre des cotisations au REER. Si l’une des deux personnes d’un couple a une épargne-retraite substantiellement plus garnie que l’autre, cette première sera beaucoup plus lourdement imposée à la retraite. Mais, espoir à l’horizon : avec le REER de conjoint, la personne avec le revenu le plus élevé peut cotiser (préférablement humblement et discrètement) au REER de l’autre. On vous explique tout ça en détail juste ici. Et on en rajoute, avec un tableau simple et pratique qui vous aidera à y voir plus clair.

Do you need a spousal RRSP? These simple questions will help you decide.

Et l’héritage que je veux laisser? Dans quel compte je devrais mettre cet argent-là?

À moins que votre héritière principale soit l’Agence du revenu du Canada, vous devrez faire bien réfléchir à la question. Les fiducies sont parfois une bonne solution (plus sur le sujet juste ici), mais les comptes CELI et REER peuvent aussi être avantageux s’ils ont été préparés en conséquence.

Si vous n’avez pas encore nommé de bénéficiaire pour votre REER (ou FERR si vous avez fait le transfert), faites-le au plus vite! Autrement, tous les fonds qui resteront dans ce compte seront ajoutés à votre succession et imposés avec tout le reste. Toutefois, si une personne est nommée bénéficiaire, elle pourra transférer les actifs de votre REER directement dans le sien sans que ça affecte son plafond de cotisation. Et comme ce fut le cas pour vous aussi, cette personne devra payer des impôts sur les recettes seulement lors des retraits.

De leur côté, les CELI sont un peu plus simples, surtout si vous avez nommé votre partenaire comme titulaire. Dans ce cas, les actifs de votre CELI deviendront tout simplement ceux de votre partenaire qui pourra continuer de les faire fructifier sans payer d’impôt. Et c’est aussi un peu moins compliqué dans l’éventualité où vous n’auriez pas encore nommé de bénéficiaire. En effet, dans ces cas-là, les actifs du CELI vont automatiquement à l’héritier ou l’héritière qui devra ensuite placer le tout dans son propre CELI (si le plafond le permet) ou payer des impôts sur les gains générés après votre décès.

Faites fructifier votre épargne-retraite